Présentation du film par Camille Nerrière
Aux policiers lui demandant s’il possède une caméra, Fred répond par la négative, justifiant son aversion pour cet objet ainsi : « J’aime me souvenir des choses à ma manière (…) pas nécessairement comme elles se sont déroulées » (« I like to remember things my own way. (...)How I remember them, not necessarily the way they happened. »).
Si Lost Highway raconte bel et bien l’histoire d’un meurtre, l’intérêt du film se situe ailleurs. Loin de nous offrir un récit linéaire, narrant les différentes étapes conduisant Fred à tuer son épouse Renée, Lost Highway semble davantage nous inviter à « comprendre » l’histoire à partir de ce qui paraît être, à première vue, le point de vue du meurtrier, vraisemblablement atteint de troubles psychologiques.
Mais alors, si les choses ne sont pas racontées « comme elles se sont déroulées », nous permettent-elles de comprendre les motivations de Fred ? Ce sera alors pour nous l’occasion de réexaminer un problème philosophique classique : celui touchant la distinction entre ce qui peut être dit réel et ce qui ne l’est pas
Camille Nerrière
Professeur de philosophie, second degré (lycée Félix le Dantec).