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Mulholland Drive (2001)

Un film de David Lynch

Suivi d’une intervention de Sébastien Motta

Mercredi 21 Avril 2010, 20h

Présentation du film par Sébastien Motta

Roger Ebert, le célèbre critique américain, terminait sa recension de Mulholland Dr. en remarquant que le spectateur aurait certainement envie de dire à son issue « J’ai vu un film des plus étranges la nuit dernière » sur le même ton et précisément de la même manière qu’il pourrait avoir envie de dire qu’il a fait un rêve des plus étranges la nuit dernière. La comparaison est appropriée. Mais que se passe-t-il ensuite ? Pressé par l’envie d’en dire plus, notre spectateur/rêveur serait néanmoins bien en peine de transmettre à son interlocuteur l’excitation et l’effervescence provoquées aussi bien par l’un que par l’autre. Les mots paraîtraient rendre des plus fades l’expérience des plus étranges (qu’il s’agisse de l’expérience onirique ou bien de l’expérience cinématographique) : il faut, semble-t-il, la vivre pour la comprendre. Il ne suffit pas de décrire l’action (ou l’histoire) au niveau le plus élémentaire, il faudrait en plus pouvoir dire ce que cela faisait que d’y être confronté. La narration omnisciente n’aurait alors ni la pertinence ni la place qu’elle peut avoir dans d’autres circonstances et pour d’autres fins.

À cet égard, on crédite souvent le réalisateur David Lynch d’avoir su capturer dans ses films ce que cela fait pour une personne que de se trouver dans ce que les psychologues appellent (à tort ou à raison) un état modifié de conscience. C’est-à-dire en ce qui concerne spécifiquement Mulholland Dr. et d’une manière évidente – les états de rêve, de cauchemar et de folie. Les expériences et sensations caractéristiques de ces états sont en effet dépeintes avec une rare subtilité, en perspective subjective. Partant, la structure narrative perd ce caractère linéaire (et donc prévisible) auquel nous sommes accoutumés. Il est toutefois remarquable qu’il n’y a pas ipso facto une impossibilité structurelle de saisir réellement ce qui se passe (de quoi il s’agit). Un des objectifs de notre propos sera d’expliquer pourquoi ce dernier point est particulièrement important.

Les philosophes parlent de « conscience phénoménale » quand ils prennent pour objet cet aspect de la conscience qui a trait aux sensations et aux expériences en première personne (plonger ses deux mains dans un pot de confiture, se fracturer le tibia, sentir l’odeur nauséabonde d’un porc décomposé, regarder le film Mulholland Dr., etc.). Nous partirons du film, de la richesse de sa structure narrative et de ce que l’on a pu en dire pour étudier ce concept de conscience phénoménale et pour, en dernier ressort, examiner la métaphysique qui sous-tend un grand nombre des discussions touchant à la question de sa nature.

Sébastien Motta

Ingénieur d’études & chargé d’enseignement au département de philosophie de Nantes (CAPHI). Domaines de spécialisation : Métaphysique, philosophie de la logique et philosophie du langage. Membre du comité éditorial de la revue Igitur.

Voir sa fiche sur le site du Centre Atlantique de Philosophie.

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